Manifeste Duo

Manifeste du
Précisions lexicales liminaires :
Duo, se prononce du-o, terme dissyllabique pour mieux marquer la dualité d’une forme d’expression partagée à plusieurs voix. Et un, et deux…
Ne soyons pas dupes de la proximité de duo avec duel ou doublon.
Il sera question dans ce manifeste de deux consciences artistiques étroitement liées entre elles sous des formes très diverses.


La reconduction, deux années de suite, d’un festival du Duo vaut pleine et consciente affirmation et de manière forte de la nécessité pour un artiste du passage salutaire à la dualité – à un moment ou un autre de sa démarche – ponctuellement ou dans la durée, selon les cas.
Confronté au duo, l’artiste échappe de cette façon radicale aux excès de l’égotisme, au risque de l’aveuglement d’un travail trop exclusivement centré sur soi. Certes la solitude de l’entreprise créatrice concentre l’énergie sur des projets singuliers – condition sine qua non de la création – mais fait également courir le risque d’enfermer, d’emprisonner, de stériliser.
La nature du fonctionnement en duo, quel que soit le champ de la création, est d’ailleurs très diverse : compagnons de création pour les uns, couples pour les autres, amis d’enfance pour certains, ou encore rencontre tardive mais stimulante…
Afin d’être conforté dans ce sentiment que l’altérité duelle féconde la création, considérons pour commencer que les exemples illustres de duos ne manquent pas : citons l’émouvant dialogue fécond entre Montaigne et Étienne de La Boétie, évoquons Barbey d’Aurevilly et Trébutien, Flaubert et Maxime Du Camp, Victor Hugo et Juliette Drouet, Théo et Vincent Van Gogh, les frères Goncourt, Benoîte et Flora Groult, Pierre Soulages et Christian Bobin, Agnès Varda et Jacques Demy… la liste est presque infinie et variable à souhait selon la nature du duo.
Mais que peut bien apporter le duo au juste ?
Une simple mais authentique conversation, un échange. Du nouveau, de l’étonnement.
Un basculement parfois.
Une autre image de l’autre.
Du questionnement aux deux rives de la création : questionnement des artistes sur leur art personnel et celui du partenaire, questionnement également dans la réception sur le changement opéré au cœur d’un travail mené en commun.
De la nouveauté au cœur de deux œuvres menées avec constance.
Du sang neuf.
Une incitation à prendre confiance.
Un autre regard chez le spectateur ou lecteur témoin de cette dualité créatrice. Une écoute différente, un regard métamorphosé.
Des sujets nouveaux.
Une explication mutuelle, une élucidation des partis pris de chacun.
Un soutien réciproque.
Des aperçus nouveaux.
Une forme de liberté guidée.
Chaque fois, un autre relief donné à la création s’offrant comme matière malléable.

Stéphane